Assaut sous les gaz

vendredi 27 mai 2016 , par Eleve7

LES GAZ DE COMBAT

Les gaz de combat : Qu’ils soient suffocants, irritants, asphyxiants ou toxiques et mortels, les gaz ont été employés à grande échelle par les deux camps (bien qu’ils aient été interdits par des lois internationales rédigées par les conventions de La Haye) mais ne sont à l’origine que de 4 à 5 pour cent des pertes lors de la grande guerre. Quoi qu’il en soit ils ont fortement marqué les soldats (certains, brulés par les gaz sont décédés bien après l’armistice). Le plus connus d’entres- eux est certainement l’ypérite ou gaz moutarde qui pouvait rester plusieurs jours actif et empêcher les soldats de regagner la tranchée et de porter le masque protecteur pendant de longues périodes.

DESCRIPTION DE L'OEUVRE

Au premier plan, on voit 3 soldats de face, au deuxième plan, deux autres soldats. Ils portent tous des masques à gaz et avancent dans une atmosphère enfumée.

Le cadrage est serré. Un des soldats brandit une grenade, on a l'impression qu'il a l'intention de nous la jeter. Les autres tiennent des armes.

Ils portent l'uniforme du soldat allemand, qui est reconnaissable grâce au casque.

On a l'impression que les soldats se dirigent vers nous en brandissant leurs armes (c'est une brutalité, qui provoque un sentiment d'angoisse chez le spectateur).

Les soldats se trouvent sûrement dans une tranchée, on le voit aux barbelés, on a l'impression qu'ils peinent à avancer. La tranchée et les soldats ne font plus qu'un.

La nature derrière eux est sacagée (branches calcinées) : elle symbolise la mort.

La gravure est très sombre, ses couleurs sont le blanc, le noir et le gris cela crée un fort contraste et donne une impression fantomatique, effrayante voire cauchemardesque. Il n'y a pratiquement pas de lumière. On peut parler de monochrome.

Les symboles guerriers (armes, uniformes, masques, etc) et les lignes verticales acérées (branches, bras, etc) éprouvent une certaine violence et agressivité.

Le peintre représente ici un des moments majeurs et des plus violent pour les soldats combattants dans les tranchées pendant la 1ère Guerre mondiale : celui de l'attaque des lignes ennemies sur le No man's land, le moment de l'assaut. Il présente aussi dans cette gravure le carractère nouveau de ce premier conflit mondial de part l'utilisation massive, par exemple, de nouvelles armes chimiques comme les gaz de combat. Il critique de la sauvagerie de son propre camp.

ANALYSE

Vus de face, de près, jetant leurs grenades entre les barbelés et les racines, les soldats masqués n'ont plus rien d'humain, tout comme le lieu n'a plus rien de réel. Entre les tranchées ennemies se trouve le no man's land de la tranchée. Il est remarquable que Dix choisisse de montrer des soldats allemands et non des ennemis. En 1924, une telle gravure a de quoi choquer l'opinion publique allemande, dans la mesure où Dix ne fait preuve d'aucun respect pour les combattants, ses anciens camarades. A l'exaltation de l'héroïsme, il oppose la dénonciation de la sauvagerie destructrice.

Dans ce recueil, Otto Dix s'attarde à représenter le corps des blessés, les détails de leurs souffrances, la mort omniprésente, il dénonce la sauvagerie destructrice. L'artiste ne cesse de témoigner des effets de la guerre sur l'homme, la nature et le patrimoine.

L’absence de couleur renforce ce sentiment de mal-être, les hommes se mélangent au décor, à cette terre qui sera, dans quelques instants, leur tombeau. Ils ne sont d’ailleurs plus des hommes, leurs masques grossiers renvoient l’image de crânes, de têtes de mort. L’image de la tête de mort rappelle d’autres compositions de l’artiste. Ils font face aux spectateurs et nous regardent de leurs orbites vides. Le spectateur devient l’ennemi et n’a pas de mal à imaginer l’angoisse que pouvait ressentir le soldat en voyant apparaître devant lui ces tristes figures. Le cadrage extrêmement resserré nous impose la charge, la grenade nous est destinée.

On comprend aisément pourquoi en 1933, à l’avènement des nazis au pouvoir ce type d’image fut largement sanctionné.

Le choix des soldats allemands renvoie au principe qu’il n’y a pas de bons ou de méchants mais que les deux camps se sont étripés pendant quatre longues années.

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La Guerre(de 1929 à 1932)

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